Festival Lumière 2025
Cette année encore, la ville de Lyon accueille le Festival Lumière pour sa 17ème édition. Comme toujours, la programmation est alléchante et variée : entre des hommages à Martin Ritt et Louis Jouvet, il est également possible de découvrir le cinéma de la norvégienne Anja Breien et celui de l’allemand Konrad Wolf.
Côté invité.es, cette édition a frappé fort avec la venue de Sean Penn, Scott Cooper, Natalie Portman, Dominique Blanc, Shu Qi ou encore John Woo !
Depuis 2013, le Festival Lumière dédie l’une de ses rétrospectives au travail d’une cinéaste. Cette “histoire permanente des femmes cinéastes” a permis au cours des dernières années de découvrir les œuvres d’Ida Lupino, de Larissa Chepitko, de Kinuyo Tanaka, de Mai Zetterling ou encore d’Ana Mariscal. Cette édition 2025 a entraîné les spectateurs en Norvège, sur les traces d’Anja Breien (à laquelle le Festival La Rochelle avait déjà rendu hommage en 2003).
Selon ses propres dires, c’est en voyant Les Quatre Cents Coups de François Truffaut (1959) que Anja Breien se découvre une passion pour le cinéma et que naît l’envie d’en faire son métier. Née en 1940, à Oslo, elle commence ses études dans son pays natal. Néanmoins, les pays scandinaves ne disposant pas encore de grandes écoles de cinéma, elle quitte la Norvège pour rejoindre la France et plus précisément Paris où elle rentre à l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques). A cette époque, les femmes sont minoritaires au sein de l’Institut et on leur refuse d’intégrer la formation “mise en scène”. Anja Breien ne fait pas exception et l’école lui propose de suivre la section “scénario”. Elle refuse. Après de longues discussions, on lui propose de passer un examen particulier qu’elle réussit sans problème. Elle intègre alors les cours de mise en scène.Pour parfaire ses connaissances, elle travaille comme scripte puis en 1966 devient assistante du réalisateur Henning Carlsen sur son film Hunger.
C’est seulement un an plus tard qu’elle se lance dans la réalisation avec un court-métrage intitulé Grandir (Vokse opp) qui revient sur la terrible peste noire qui frappa la Norvège au 14ème siècle.
En 1971 sort Le Viol (Woldtekt), son premier long-métrage de fiction qui suit de manière presque documentaire l’enquête et le procès d’un jeune homme accusé de viol ; il est aussi l’occasion pour Anja Breien d’exposer une critique du système judiciaire de son pays. Le film, projeté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 1971, marque le début de ce que certains nommeront “le néoréalisme norvégien” et lance la carrière de la réalisatrice. Suivront 9 longs-métrages (dont 5 étaient présentés au Festival Lumière 2025). Bien que la plupart de ses œuvres soient connues en Norvège, un seul film sera distribué en France : Wives (Hustruer), sorti en 1975. Il est également celui qui rencontrera le plus de succès, menant à deux suites sorties respectivement en 1985 (Wives - Ten Years After / Hustruer 10 År Etter) et 1996 (Wives III / Hustruer III). Cette trilogie permet aux spectateurs.trices de suivre l’évolution de la vie de trois femmes qui se retrouvent à l'occasion d’une réunion d’anciennes élèves. Sur plusieurs décennies, Anja Breien montre l’évolution du statut de la femme en Norvège et dresse le portrait de femmes libres et indépendantes.
A travers ses films suivants, Anja Breien continue de montrer une société hypocrite et profondément misogyne et patriarcale, notamment avec son film Persécution (Forfølgelsen, 1981) dans lequel une femme indépendante est accusée de sorcellerie dans la Norvège, 14ème siècle.
Par la suite, la réalisatrice rencontre de plus en plus de mal à financer ses projets et retourne vers le format du court métrage qu’elle affectionne particulièrement. Elle s'intéresse ainsi au peintre Edvard Munch (Visages / Ansikter, 1969), aux réminiscences du passé (Voir un bateau naviguer / Å se en båt med seil, 2000) et prolonge sa réflexion sur les défauts du système pénitentiaire norvégien (Les Murs autour de la prison / Murer rundt fengselet, 1972)
Depuis 2012, Anja Breien ne réalise plus de films mais, les festivals mettent en avant son travail afin de redonner à cette artiste la place qu’elle mérite au sein de l’histoire du cinéma Norvégien et mondiale. Bien que sa filmographie soit parsemée de films de genres variées et que ses scénarios prennent pour arrière plan des époques diverses, son œuvre est traversée par l’envie de montrer et d’accompagner la libération de la femme.
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